LA PASSION DE L'EXCELLENCE


Découvrir Jean-Paul Lessard, c’est rencontrer un honnête homme passionné par la pratique d’un art dont il est peut-être un des derniers représentants. Lampiste et parcheminier émérite. Le gardien d’un savoir et d’une pratique qui pourrait disparaître avec lui. Mais son talent exceptionnel s’exerce encore sans relâche. Rendre hommage à cet artisan qui pratique encore avec ferveur, à 73 ans, dans son antre musée, à Rosemère, c’est reconnaître son importance patrimoniale.

Tout a commencé avec son père, le premier Jean-Paul, en pleine adolescence. Dans des conditions matérielles qui frôlaient la misère. Celles qu’on surmonte par la passion d’un métier rare. Les Lessard sont des artistes. Grand père pianiste, grand-mère chanteuse lyrique. Et Jean-Paul rêve maintenant de devenir un peu moins artisan et peu plus artiste. Il faut voir ses créations de parchemins, les abat-jour de ses lampes ! Jean-Paul a aussi atteint un haut niveau d’expertise dans la reproduction de couleurs anciennes. Il sait faire revivre la délicatesse et les vieux secrets des anciens salons.

Dans son atelier digne d’Ali Baba, maître Lessard fait revivre les lampes, les abat-jour de tous, y compris de nantis notoires, de richissimes québécois, et des clients aux moyens plus humbles. Il est passionné plus par l’objet que par celui qui sollicite son savoir-faire. Pour lui, la beauté qu’il redonne à une lampe témoigne de son humanisme pour ses clients, sans distinction. C’est un québécois convaincu, ancien activiste au besoin, soucieux d’un mieux-être collectif. Dans le monde de sa caverne atelier, débordante d’objets, de lampes, de parchemins, de poudre de perlimpinpin et de baguettes magiques, il rêve de nature, de grande nature. Il connaît. Il s’y était construit une magnifique demeure dans un grand domaine, jadis. Les aléas du destin en ont voulu autrement. Rencontrer Jean-Paul Lessard, habilleur de lumière, éclaire nos besoins d’authenticité dans un monde tellement virtuel. Le monde binaire ne peut générer de plaisirs plus chaleureux que celui éprouvé dans son atelier. Merci de l’accueil, Jean-Paul, et merci pour ma précieuse lampe !

Robert Blondin







Photos : Sylvie Guertin et Robert Blondin